vendredi 19 juillet 2013

Le Cnra de Bambey met à la disposition des producteurs cinq nouvelles variétés d’arachide

Le Centre national de recherche agronomique de Bambey joue sa partition dans la reconstitution du capital semencier au Sénégal. Ces dernières années, il a mis à la disposition des producteurs cinq nouvelles variétés d’arachide adaptées aux différentes zones écologiques de culture.
Des chercheurs qui trouvent, on en trouve au Centre national de recherche agronomique (Cnra) de Bambey. Un des maillons phares de la recherche agricole au Sénégal, cette institution est en train de révolutionner la recherche grâce au dynamisme de son personnel. Une visite guidée au centre par le Réseau des journalistes scientifiques et techniques (Rejost), en partenariat avec le Fonds national de recherches agricoles et agro-alimentaires (Fnraa) et le Cadre de concertation des institutions du Système national de recherches agro-sylvo-pastorales (Snrasp), a permis de constater, de visu, l’ampleur du travail qu’abattent en ce moment les chercheurs dans l’atteinte de certains objectifs fixés par l’Etat tels que l’amélioration des conditions de productivité agricole et la reconstitution du capital semencier au Sénégal. Concernant ce dernier volet, d’importants travaux sont en cours, en ce moment, au Centre national de recherche agronomique de Bambey. En effet, comme l’a indiqué le chef du centre, le docteur Samba Thiaw, il s’agit d’accompagner l’engagement du gouvernement à fournir aux producteurs du matériel végétal apte à répondre à leurs besoins en fonction des zones écologiques du pays.
Un focus a été mis, durant ces dernières années, sur la production de semences d’arachide. Il s’agit notamment de cinq nouvelles variétés d’arachide, homologuées et vulgarisées déjà au bénéfice des producteurs de graines dans le bassin arachidier mais aussi dans la partie méridionale du pays. « Il est normal que l’on mette l’accent sur les semences car, en termes de productivité, elles peuvent apporter 25 à 35 % du rendement attendu des cultures », a indiqué le directeur du Cnra.
 Des variétés à cycle court adaptées à la pluviométrie
Abondant dans le même sens, le responsable du Programme sélection arachide au Cnra, Dr Issa Faye, précise qu’un accent particulier a été mis sur les variétés à cycle court, capables de s’adapter aux conditions écologiques du Sénégal par rapport au gradient pluviométrique des zones de production. Au Nord du Sénégal, par exemple dans la zone de Louga, où la pluviométrie tourne autour de 300 à 400 mm/an, le Cnra a développé, récemment, des variétés extra-précoces qui peuvent mûrir en 75 ou 80 jours comme la 78-936, la Srv1-19, la 73-9-11 et la 55-33 explique Dr Faye. Ces variétés ont permis, aujourd’hui, de remettre de l’arachide dans la zone Nord de la région de Louga, en dépit de la courte durée de l’hivernage notée dans cette partie du Sénégal, s’est réjoui Issa Faye. Au-delà de cette zone, le Centre national de recherche agronomique s’est intéressé à améliorer le capital de semence dans le bassin arachidier avec notamment l’introduction de nouvelles variétés qui mûrissent en trois mois. Il s’agit de la 55-437 (produit d’ailleurs dans plusieurs pays de la sous-région), de la fleur-11 (très riche en huile), selon les explications du Dr Faye. Dans la partie Sud du pays, où l’hivernage est assez long, les travaux menés par les chercheurs du Cnra ont conduit à l’introduction de pré-bases de graines souvent appelées arachide de bouche comme la 73-27 et la H-75-0. Toutes ces nouvelles applications ont tenu compte d’un aspect aussi fondamental qu’est la prévention de la contamination par l’aflatoxine, précise-t-on au Cnra.
Dans l’exécution de leurs travaux, les chercheurs tiennent compte du respect de certaines dispositions telles que l’instauration d’un environnement de production favorable à l’amélioration des rendements. Au Cnra de Bambey, le directeur reconnaît que le centre dispose, aujourd’hui, de moyens pouvant permettre de répondre à ces exigences. En effet, le centre est outillé d’un laboratoire permettant de faire toutes les analyses de sols et d’effectuer les recommandations nécessaires. Grâce à des outils techniques comme le spectrophotomètre d’absorption atomique et l’analyseur de carbone et d’azote, l’ingénieur en charge du laboratoire d’analyse de sols, d’eau et de plantes, le Dr Seynabou Der, peut effectuer les analyses nécessaires pour avoir une idée nette de la nature des sols arables et de leur teneur en azote et en carbone ainsi que leur richesse en termes de production agricole.
Autant de moyens qui ont permis au Cnra de jouer son rôle dans le développement agricole, même s’il se bat encore pour retrouver son lustre d’antan en recherche agronomique en Afrique, en particulier dans la sous-région ouest africaine.
65 tonnes de pré-bases d’arachides nécessaires pour reconstituer le capital semencier
Pour la reconstitution du capital semencier de l’arachide, le directeur du Centre national de recherche agronomique (Cnra) de Bambey a indiqué qu’il est nécessaire de produire 65 tonnes de pré-bases. Cet objectif que s’est fixé l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra), en accord avec l’Etat, pourrait être atteint cette année, selon le docteur Samba Thiaw. « Aujourd’hui, en termes de planning et de prévision de superficie, l’Isra a réuni les conditions pour réaliser les 65 tonnes nécessaires au renouvellement du capital, au moins, au niveau pré-base », a-t-il soutenu. Interpellé sur la sempiternelle question des semences non certifiées, le Dr Thiaw se décharge sur les pouvoirs publics qui, selon lui, ne protègent pas assez les pré-bases que l’Isra met à la disposition des producteurs. « Pour mettre fin aux semences tout venants, le gouvernement doit penser à spécialiser les producteurs et à instaurer une homogénéité des semences », a dit le directeur du Cnra. A son avis, l’Etat doit être plus regardant sur la sélection des semences et sur la carte variétale telle que recommandée par l’Isra.
Ces dernières années, le problème de la certification des semences a pris une ampleur démesurée à cause des multiples interventions de l’Etat pour céder des semences aux producteurs à des conditions avantageuses, notamment à la suite de catastrophes naturelles. Ce qui a été à l’origine du mélange de variétés dans la constitution des semences au niveau des magasins de stockage souvent évoqué par les producteurs et qui a fini de porter un coup dur à la productivité sur le terrain.      
Seydou Prosper SADIO

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