mercredi 14 mai 2014

« Au Sénégal, les pesticides obsolètes utilisés dans l’agriculture sont cancérigènes… »


Le Sénégal examine et réactualise, depuis début avril et ce pour un an, son Plan national de mise en œuvre de la Convention de Stockholm sur les Polluants organiques persistants (POPs) en perspective du 6ième cycle de financement du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), qui commence en juillet 2014. Occasion pour nous de donner la parole à Ibrahima Sow, Coordonnateur du Programme produits chimiques au FEM. Dans cet entretien, il revient, entre autres, sur les conséquences sanitaires et environnementales de l’utilisation de pesticides obsolètes et certains insecticides, respectivement dans l’agriculture et les ménages. A l’en croire, ces polluants sont cancérigènes parce qu’étant des produits bio-accumulatifs qui passent à travers la chaine alimentaire pour contaminer le consommateur. C’est pourquoi ils doivent être « strictement inaccessibles ».

Où en êtes-vous avec les programmes de mise à jour et de classification des produits chimiques ?

Rappelez-vous, lorsque la Convention de Stockholm a été mise en place, il s’agissait de contrôler 12 produits toxiques. Plusieurs années après, les scientifiques ont démontré qu’il y avait d’autres produits aussi dangereux. Et, la Convention a un mécanisme de révision qui a permis d’étudier ces nouveaux produits et finalement 9 nouveaux produits ont été ajoutés à la Convention de Stockholm. Donc aujourd’hui, la Convention contrôle 21 produits considérés comme extrêmement et hautement toxiques. Certains sont mêmes cancérigènes.

Alors, après l’exercice qui a porté sur les 12 produits, naturellement il fallait faire une réactualisation pour voir comment ces nouveaux produits entrent en ligne de compte dans la chaine de production. Est-ce qu’ils sont importés et utilisés ou est-ce qu’ils sont produits au Sénégal? Quels sont leurs impacts au niveau de l’environnement et de la santé des populations ? (…) (Lire: «Examen et actualisation des polluants organiques persistants: Le Sénégal en ‘’guerre’’ contre les pesticides cancérigènes», Sud Quotidien du mardi 1er avril 2014).

La fenêtre des produits chimiques m’intéresse, parce que c’est ce département là que je dirige, qui comprend les POPs, donc la Convention de Stockholm. Le FEM est le mécanisme de financement de la Convention de Stockholm qui concerne les Polluants organiques persistants. En plus de cela, nous donnons une assistance aux pays dans la mise en œuvre d’un mécanisme appelé approche stratégique de gestion des produits chimiques, mais à titre pilote.

L’autre appui concerne la dégradation de la couche d’ozone, mais seulement pour les pays à économie en transition pour compléter l’effort qui existe dans le cadre du fonds multilatéral pour les pays en développement. Et une nouvelle convention, celle de Minamata a été récemment adoptée et signée par les pays et également le FEM en assure le mécanisme de financement. Le Sénégal et d’autres pays africains sont éligibles. Pour l’instant, nous finançons des activités habilitantes pour faire l’état des lieux. Mais il faut aussi comprendre que la gestion des produits chimiques, surtout les POPs, couvre un large domaine parfois insoupçonné, par exemple les habits, les moquettes, et surtout les appareils électroniques.

Notre vie est maintenant associée à l’utilisation d’ordinateurs, de téléphones qui, du reste, sont devenus très précaires, c’est-à-dire qui ne durent pas longtemps et qu’on retrouve souvent dans les décharges. Alors, ces appareils là contiennent des Polluants organiques persistants, donc à la fin de leur vie, s’ils ne sont pas gérés correctement, ça crée énormément de problèmes de santé. Et aujourd’hui, le problème est devenu mondial et dans beaucoup de pays, notamment en Chine, en Amérique Latine, on a mis en place des usines de recyclage des déchets électroniques. C’est un secteur qui est en très forte croissance et le FEM finance ces projets là. D’ailleurs, une partie de ma mission, c’est de discuter avec les partenaires de l’ONUDI, les partenaires privés pour voir comment on peut aider les pays de la sous région à mettre en place une unité de recyclage des déchets électroniques et surtout également une possibilité de création d’emplois.

C’est dans vos perspectives?


C’est dans nos perspectives et c’est quelque chose que l’on pourrait faire dans le FEM 6. Et, comme je disais, le FEM fonctionne par cycle, le cinquième cycle est entrain de finir en 2014 (ndlr-juillet). On va à une assemblée du FEM au mois de mai au Mexique, et il y aura de nouveaux fonds pour appuyer les pays dans la mise en œuvre de différentes conventions que nous avons citées. Alors dans le cadre du programme sur les produits chimiques, nous envisageons de soutenir et notamment les PMA (les Pays les moyens avancés), y compris le Sénégal pour la gestion des déchets électroniques.

Le Sénégal utilise beaucoup de pesticides obsolètes notamment dans l’agriculture et le maraichage en général. Ces produits dangereux sont parfois recyclés au Sénégal, alors que le pays en produit moins, ou presque pas. Quelles sont les conséquences de ces utilisations abusives de ces pesticides non répertoriés dans l’agriculture et surtout la santé des populations?

Je crois que c’est une question qui mérite l’attention de tout le monde. Vous avez raison. Non seulement il y a les pesticides normaux qu’on utilise dans l’agriculture, qui ne sont pas des Polluants organiques persistants, mais qui sont des pesticides qui peuvent générer, créer certains dangers au niveau des populations. Maintenant si on prend le cas spécifiques des pesticides polluants organiques persistants et des pesticides obsolètes, vous le savez, nous sommes dans un pays où parfois contrôler ces types de produits peut paraître très difficile car vous n’avez pas les magasins de stockage, les systèmes de protection, la sécurité qui font que ces produits doivent être strictement inaccessibles. Il y a des cas où certains produits sont stockés d’une façon très précaire, et que les gens peuvent y accéder très facilement. Donc il peut y avoir des détournements, il peut y avoir des vols, et les gens peuvent les utiliser comme, vous dites, dans l’agriculture et dans le maraichage.

Alors, pourquoi cela est dangereux?


Parce que les Polluants organiques persistants sont des produits bio-accumulatifs c’est-à-dire qu’ils passent à travers la chaine alimentaire. Et naturellement quand vous consommez des produits qui ont été contaminés par les polluants organiques persistants, vous vous contaminez. Ce sont des produits toxiques, certains même cancérigènes. Devinez tout de suite quelle conséquence cela peut avoir pour nous autres. La même chose pour les autres animaux, les espèces végétales etc. Donc ces produits là doivent être strictement gérés. On ne doit pas s’amuser avec les produits toxiques.
Et, nous avons tous vu, et nous voyons souvent des familles ravagées, pour avoir utilisé des fûts qui contenaient des pesticides obsolètes. Elles conditionnent de l’eau dedans. Le fût est vide, ok, mais ce sont des traces de pesticides qui sont peut être à des niveaux de milligrammes ou de nano grammes, qui peuvent ravager toute une famille. Et ça, c’est des cas qu’on a souvent vus, pas seulement au Sénégal, mais dans beaucoup de pays où le problème de la sensibilisation ou de l’information existent. Les populations peut être ne savent pas, il n’y a pas aussi les mesures réglementaires ou de contrôle par les autorités, pour éviter que les gens accèdent à ces produits dangereux.
C’est comme, par exemple, si vous voyez les dispositifs de haute tension, on met: «attention danger» etc. ça doit être la même chose pour ces produit chimiques, peut être que c’est un niveau de sécurité un peut différent, mais c’est à peu près la même chose. On doit prendre des mesures, sécuriser, éviter que ça soit accessible au public, mais surtout, quand ces produits sont là, il faut les gérer, comme on dit, de façon écologiquement rationnelle.

En quoi faisant ?

Il y a aujourd’hui des unités dédiées pour la destruction de ces produits parce que ce sont des pesticides qui contiennent du chlore. Mais la destruction nécessite une technologie très sophistiquées. Généralement, les pesticides ou les PCB (ndlr-les polychlorobiphényles) sont détruits dans des générateurs. Il y en a plusieurs en Europe, en France, en Allemagne, avec des fours qui peuvent aller jusqu’à 1200 degrés Celsius, pour assurer la destruction totale. C’est pour vous dire que, tant que ces produits sont là, ils ne vont pas se détruire facilement. On doit les sécuriser, on doit les conditionner, les emballer et les transporter dans ces endroits qui sont dédiés pour leur destruction. On ne doit pas s’amuser avec les produits chimiques dangereux.

Donc pour me résumer: importance de la sensibilisation des populations pour qu’elles comprennent les risques encourus; importance de la réglementation pour que les autorités mettent en place les règlementations qu’il faut pour éviter tout risque de déviation, pour éviter tout risque de mauvaise utilisation de ces produits chimiques. Le troisième aspect, c’est la synergie entre les différents acteurs, y compris la presse, pour que l’on puisse assurer la gestion écologiquement rationnelle et durable de ces produits chimiques. Quand vous avez un stock usagé, c’est-à-dire, qu’on ne peut plus utiliser, la bonne pratique c’est de conditionner, de transporter et d’amener dans des endroits dédiés pour assurer la gestion rationnelle.
Les pesticides obsolètes ce n’est pas seulement dans l’agriculture, mais dans nos ménages aussi on manipule toutes sortes d’insectes. Quels sont les dangers non seulement pour ceux qui manipulent ces produits pour stériliser les maisons et au-delà, pour la population
Effectivement, dans les ménages on utilise beaucoup de produits chimiques, certains insecticides également sont des POPs. Et d’ailleurs pour certains, on ne sait même pas car non seulement ils ne sont pas classifiés, parfois on n’a pas les moyens de contrôler, c’est difficile. C’est ça aussi un peu la faiblesse de nos pays parce que dans les pays organisés, tout ce qui entre dans le pays est contrôlé, et ça fait l’objet de normes etc. Il faut avoir des autorisations. Ici, malheureusement on n’a pas les moyens de tout contrôler, donc on fait amener des produits de partout.
Alors les insecticides qu’on utilise, rappelez-vous le DDT (ndlr-Dichlorodiphény ltrichloroéthane, un produit chimique organochloré) qu’on utilisait, par exemple, un moment dans l’agriculture et maintenant par exemple pour la lutte anti vectorielle, pour lutter contre le paludisme, on l’utilise aussi dans les moustiquaires (ndlr-imprégnées) etc. C’est également un pesticide extrêmement dangereux. Si c’est mal utilisé, si c’est mal géré, ça peut avoir un impact direct sur notre santé. C’est des produits cancérigènes. Là aussi, il y a bien de la sensibilisation, beaucoup de formation à faire.
Il y a aussi des actions à mener naturellement par les pouvoirs publics, en termes de contrôle, en termes d’évaluation et aussi assister les populations à utiliser d’autres produits alternatifs et non dangereux. C’est surtout ça la question, les produits alternatifs. Parce qu’effectivement quand une personne a l’habitude d’utiliser un produit qui lui rend des services, vous venez lui dire: «écoutez ça c’est dangereux» alors que vous ne lui donnez pas l’alternative, il y a peut de chance qu’elle l’arrête. Donc c’est pourquoi il faut effectivement aider les populations à accéder aux produits alternatifs, qui doivent aussi être abordables du point de vue du prix.

De quelle manière?

De quelle manière, alors c’est le sens de nos projets. Quand nous finançons ces projets là, nous voyons tous les aspects que le pays ne peut pas assurer. Ensuite, je ne l’ai pas dit peut être au départ, mais le FEM finance ce qu’on appelle les activités additionnelles. En d’autres termes, le FEM ne finance pas tout, mais le Fem vient en plus de l’action du gouvernement. Donc par exemple la question de la sensibilisation, la question du développement de produits alternatifs, c’est des projets que nous pouvons effectivement financer pour permettre aux populations d’accéder à ces produits là.

Le Fonds mondial pour l’environnement, c’est quoi? 

Le Fonds mondial pour l’environnement (FEM) est une institution de financement qui a été mis en place à la suite de la Conférence de Rio en 1992 pour soutenir deux grandes conventions: la Convention sur les changements climatiques et la Convention sur la biodiversité. Par la suite d’autres conventions ont vu le jour, notamment la Convention sur la dégradation des terres, la Convention sur les Polluants organiques persistants (POPs) qui ont été également ajoutées comme secteurs pour être appuyées par le FEM.

Le FEM couvre plusieurs domaines comme les changements climatiques, la dégradation des terres, la biodiversité, les eaux internationales, la destruction de la couche d’ozone, les POPs et récemment, une nouvelle convention a été rajouté : la Convention de Minamata qui s’occupe de la question du mercure qui est également un produit toxique extrêmement dangereux. Il est important de souligner que l’évolution des questions de l’environnement a fait qu’aujourd’hui le FEM s’est positionné comme ce qu’on peut appeler la Banque mondiale de l’environnement. C’est une organisation qui est basée à Washington et qui est sous la tutelle administrative de la Banque mondiale. Il est reconstitué tous les quatre ans.

Quels sont les pays éligibles aux financements du FEM ?

Le FEM est un network, un réseau qui comprend un secrétariat basé à Washington et des agences de mise en œuvre. Ce sont les agences qui mettent en œuvre les projets du FEM (la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation des Nation Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), les banques de développement comme la BAD (Baque africaines de développement), la Banque asiatique de développement, la Banque européenne de reconstruction, etc. Toutes ces banques et agences des Nations Unies constituent le bras armé du FEM parce qu’elles exécutent les projets que le FEM finance pour le compte des pays en développement et des pays à économie en transition. Ce sont ces pays là qui ont accès aux financements du FEM.

En termes de niveau de financement, le FEM est en train d’entamer sa sixième reconstitution. On est parti d’un fonds pilote de 2,2 milliards de dollars (FEM1), ensuite le FEM 2 comptant 2 et quelques milliards de dollars, puis le FEM 3 avec un montant de 3 milliards de dollars, le FEM 4 avec 3,4 milliards de dollars et en fin le FEM 5 financé à 4,25 milliards de dollars. Le FEM 6 pourrait tourner au tour de ce montant là: 4,25 milliards de dollars. Evidemment, les domaines d’intervention qui consomment le plus ce montant là ce sont les deux grandes conventions: celles sur le climat et sur la diversité biologique. Les eaux internationales, la dégradation des terres, les produits chimiques bénéficient également des financements du FEM.


Qu’en est-il du mode de fonctionnement de cette «Banque mondiale de l’environnement»?

Le Fonds, c’est mis en place pour les pays, qui aussi jouent un rôle important dans le network qu’est le FEM. Chaque pays doit désigner un point focal opérationnel et un point focal politique. Ces points focaux sont les répondants du FEM au niveau national. En d’autres termes, ce sont eux qui ont la responsabilité d’endosser tous les projets que le pays présente au FEM, sans l’endossement du point focal, nous ne pouvons pas considérer le projet. Les autres acteurs c’est naturellement le secteur privé que nous faisons intervenir également dans nos programmes et les Ong. Voila le network qui est assez complet et qui comprend tous les acteurs du développement.
Dans le cadre de chaque Convention, les pays déterminent leurs priorités, développent des plans d’action. Et sur cette base là nous présentent des projets prioritaires. Evidemment, comme les montants sont limités, nous ne pouvons pas tout financer, donc nous finançons les priorités de ces pays. Prenons le cas de la gestion des produits chimiques, qui fait l’objet de cette réunion, lorsque le Sénégal a fait son premier Plan de mise en œuvre, les priorités qui ont été identifiées c’était la question des pesticides obsolètes.
Donc ces produits chimiques qu’on utilise dans le secteur agricole, etc. Il y avait une accumulation de pesticides obsolètes et ça constituait un danger pour l’environnement et la santé. Ça a été retenu comme priorité. Ensuite il y a ce qu’on appelle les PCB qui sont également des produits chimiques qu’on utilise dans les transformateurs électriques. Ces PCB ont été considérés aussi comme priorité. Troisième priorité, les dioxines et furanes qu’on trouve lorsqu’il y a des pratiques de brûlage à l’air libre de déchets. Des émissions de dioxines et furanes aux environs de Mbeubeuss ont fait l’objet de reportage avec beaucoup de bruits et de controverses.
Et on le voit souvent au Sénégal il y a des tas de déchets partout. La pratique courante c’est que les gens viennent, ils brûlent. Or, dans ces déchets là, on trouve des matières plastiques, des métaux, des produits organiques, etc. Et lorsqu’on brûle ces déchets là, ça génère des dioxines et furanes qui sont des gaz extrêmement toxiques. Et, nous vivons aux alentours de ces décharges. Imaginez donc l’impact que cela pourrait créer pour la santé de ces populations.

Est-ce à dire que le Sénégal n’a identifié que les trois domaines prioritaires pour financement du FEM?

Le Sénégal bénéficie de plusieurs projets pour la gestion des produits chimiques, en particulier les POPs. Nous avons d’abord financé le premier Plan de mise en œuvre de la Convention de Stockholm pour le Sénégal qui a permis de faire l’Etat des lieux. C’est ainsi que le Sénégal avait identifié des priorités relatives à la gestion des déchets ménagers, des transformateurs des polychlorobiphényles appelés PCB, c’est-à-dire des produits toxiques qu’on retrouve dans les transformateurs mais aussi des pesticides obsolètes. Tous ces programmes ont fait l’objet d’appuis du FEM pour un montant qui avoisine les 10 millions de dollars, (ndlr-environ 5 milliards de F Cfa).
Pour me résumer le Sénégal a identifié trois domaines: pesticides obsolètes, PCB et dioxines et furanes, entre autres. Il y en a d’autres, mais ce sont les plus importants. Et ce sont ces domaines là qui ont fait l’objet de demande de financement du FEM. Et, fort heureusement, nous avons pu accompagner le Sénégal pour mettre en place des projets dans ces trois domaines. Certains projets sont faits à l’échelle régionale. Il y a énormément de projets régionaux dans lesquels le Sénégal participe. Il faut dire que le Sénégal est très actif dans la mise en œuvre des conventions, par conséquent il bénéficie de l’appui des organisations internationales y compris le FEM.

Par exemple, le projet sur les PCB est un projet régional avec tous les pays francophones qui y participent et une contribution du FEM de 5 millions de dollars (environ 2,5 milliards de F Cfa-ndlr). Le projet sur les pesticides obsolètes est également un projet régional avec la Banque mondiale qui a commencé à mettre en place ce projet par phases. Et récemment, il y a une deuxième phase du projet, mais cette fois avec la FAO, au niveau des pays du CILSS (Comité inter Etat de lutte contre la sécheresse au Sahel) pour un montant de 7 millions de dollars (ndlr-environ 3,5 milliards de F Cfa). Maintenant, en termes de projets individuels, le Sénégal bénéficie d’un Projet pour la gestion des déchets ménagers et l’élimination des dépotoirs sauvage, la lutte contre les pratiques de brûlage à l’air libre à hauteur de 2 millions de dollars (ndlr-environ 800 millions de F Cfa).
Parlons des réformes du FEM. Sont-elles motivées par le que des pays décrient les lenteurs dans la recevabilité et le financement de leurs projets prioritaires par votre institution?
Quand le FEM a été mis en place, on avait remarqué que pour financer un projet, il fallait un cycle de 66 mois. En d’autres termes, lorsque vous déposez votre demande, il faut 66 mois en moyenne pour recevoir la réponse ou le financement. 66 mois c’est plus de 5 ans (ndlr-5 ans et 6 mois) et les pays qui ont mis en place le FEM, aussi bien les donateurs que les pays bénéficiaires, ont commencé à se plaindre des lourdeurs dans l’accès aux ressources. Les gens abandonnent au cours du chemin parce que c’est assez compliqué. C’est ce qui a amené le Conseil d’administration du FEM à demander au Secrétariat à engager des réformes en profondeur pour améliorer le fonctionnement de l’institution. Ce qui a été fait avec la présidente directrice du FEM, Mme Monique Barbut qui a fini son mandat il y a deux ans et qui a effectivement mis en place des réformes courageuses, audacieuses et qui ont permis aujourd’hui de ramener le cycle de projet de 66 mois à 22 mois. Je pense que c’est une avancée significative. On est même allé plus loin, pour les projets de petite taille qui tournent au tour de 1 millions, 2 millions de dollars, le cycle du projet peut être de 10 mois, c’est-à-dire qu’en moins d’une année vous pouvez avoir votre projet et démarrer.

En ce qui concerne les activités qu’on appelle activités habilitantes, ce séminaire là (ndlr-séminaire d’examen et d’actualisation du Plan national de mise en œuvre (PNM) de la Convention de Stockholm sur les POPs) est une activité habilitante parce qu’il s’agit d’un projet pour la réactualisation du PNM, c’est encore plus rapide. En un mois, deux mois, vous pouvez bénéficier, si évidemment la proposition est conforme aux critères de l’institution, de votre financement. Tout ça pour dire que les réformes qui ont été mises en place ont véritablement permis d’accélérer le processus d’accès aux ressources, mais aussi de nous rapprocher des pays bénéficiaires. Parce que nous travaillons directement avec les pays, nous discutons de leurs priorités, et nous essayons de voir aussi comment nous pouvons les appuyer pour financer leurs projets.

Le Quotidien
 

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